1) Quelle est votre opinion générale relative à l’idée d’une “Garantie pour la jeunesse” et quelles offres devrait-elle offrir aux jeunes?
L’UNEL salue l’initiative de l’UE pour répondre au problème massif que le chômage des jeunes constitue aujourd’hui pour nos sociétés européennes. L’UNEL est consciente que le groupe ciblé prioritairement par la nouvelle directive sont les jeunes qui sont sans emploi, éducation ou apprentissage.
Tout en affirmant la nécessité de soutenir ces jeunes, l’UNEL plaide pour une « Garantie pour la jeunesse » élargie. En effet de plus en plus de jeunes diplômés se retrouvent dans des situations précaires. L’UNEL soutient donc d’élargir le groupe des jeunes concernés par la « Garantie » jusqu’à l’âge de 30 ans, afin de pouvoir aussi proposer des mesures adaptés aux besoins des jeunes diplômés.
2) Quels aspects relatifs au cadre de vie des jeunes (p.ex. logement, transport) seraient selon vous à considérer comme partie intégrante d’une “Garantie pour la jeunesse”?
La “Garantie pour la jeunesse” devrait suivre une approche holistique et considérer le jeune en question avec tout son contexte socio-économique. La “Garantie” ne pourra évidemment pas agir directement contre tous les problèmes auxquels les jeunes sont confrontés (p. ex. un manque de logement à prix abordable).
L’implémentation de la “Garantie” devrait avoir lieu en étroite collaboration avec tous les autres services qui sont d’importance pour les jeunes. De plus, des mesures pourraient intégrer l’accès à des titres de transport gratuits afin d’assurer la mobilité du jeune.
Dans les cas, où le chômage du jeune est lié à des problèmes d’exclusion sociale (absence de formation/ éducation, manque de soutien par les réseaux sociaux de la famille ou des amis) un encadrement allant au-delà de la simple mise à disposition d’un emploi devrait être assuré. Ceci nécessite aussi une mise en œuvre encore plus coordonnée et intégrée de la stratégie d’inclusion active.
3) Les stages et l’apprentissage sont-ils des solutions adéquates? Et comment faudrait-il s’y prendre pour optimiser ces outils?
Des stages non-rémunérés peuvent être des outils intéressants si le jeune n’est pas financièrement dépendant du marché du travail. C’est donc le cas si un stage fait partie de la formation secondaire/ supérieure ou que le jeune profite d’une bourse spécifique (p.ex bourse leonardo). Néanmoins, même dans ce cas, les stages non-rémunérés ne devraient pas continuer au-delà de 3 mois.
4) Quelles sont selon vous les responsabilités à prendre par les patrons?
Pour les jeunes il est important d’avoir des patrons qui vont au-delà du simple respect des règles en matière de condition de travail. Il devrait aussi assurer un suivi du jeune et garantir une bonne intégration de celui-ci dans le monde du travail.
Sur le plan sociétal, les patrons ont la responsabilité de ne pas traiter les jeunes comme une ressource humaine à bon marché.
5) Quelles sont selon vous les responsabilités à prendre par les jeunes?
Sur le marché du travail, les jeunes se retrouvent actuellement dans une situation de faiblesse et de dépendance structurelle vis-à-vis des employeurs. Dans cette situation il est d’une grande importance de clairement définir les droits et responsabilités des jeunes lors d’une convention ou un contrat avec l’employeur.
6) Quel rôle incombe aux acteurs professionnels du travail jeunesse?
Le rôle des travailleurs de la jeunesse est tout d’abord celui de médiateur. Ils doivent être en contact étroit avec les patrons et entreprises (notamment locales, de façon à ce que à la fois le jeune et l’entreprise en tirent profit). Ceci permet une coopération entre les différents acteurs pouvant faciliter l’échange d’information et faire progresser la situation des jeunes.
Au-delà de cela, ils ont aussi un rôle de personne de confiance. C’est à eux que revient en premier la tâche d’apporter un soutien moral et pratique aux jeunes, en privilégiant un rapport direct, en toute simplicité, pour que le jeune ne se sente pas contrôlé mais bel et bien soutenu. Néanmoins, le jeune ne doit pas dépendre de cette personne. Il faut donc encourager un développement vers l’autonomie.
Dans cette optique, les professionnels du travail devraient faire un suivi du jeune jusqu’au moment ou celui-ci est réellement autonome (et pas “passer le ballon” aux patrons, qui doivent se débrouiller ensuite). Le jeune ne doit pas devenir un objet à ranger quelque part, mais rester un être humain à part entière, qui a le droit de décider de son avenir.
7) Quel rôle incombe aux décideurs politiques concernés?
Le rôle primaire des décideurs politiques est de créer un concept de “Garantie pour le jeunesse” basé sur les conseils et recommandations des différents partenaires sociaux, notamment ceux des organisations de la jeunesse. Celle-ci ont de par leur activité dans ce secteur une vue très concrète sur la question et s’avèrent donc être de précieux alliés.
Les décideurs politiques concernés doivent se munir des outils déjà présents dans la société et les adapter les uns aux autres de façon à créer un système fonctionnel et portant sur le long terme. Il est crucial que cette mesure soit le fruit d’une collaboration interministérielle, sachent que la problématique s’étend bien au-delà du simple aspect professionnel mais touche aussi au domaine de la famille et de l’éducation.
8) Quelles contributions l’école peut-elle livrer pour lutter contre le décrochage scolaire?
Pour faire de l’école un lieu de rencontre bénéfique à tous, le système actuel de ségrégation sociale et ethnique doit être remplacé par un type d’école où l’enseignement est réparti sur toute la journée (Ganztagschule). Même après l’école fondamentale, les élèves devraient continuer à apprendre et découvrir ensemble. Ceci leur permettra d’apprendre mutuellement de leurs forces et faiblesses. Les trois dernières années de l’enseignement secondaire doivent permettre une spécialisation dans plusieurs domaines.
Afin d’obtenir un système qui garantit l’épanouissement individuel de chacun, le choix des contenus doit rester flexible et modulable. Résultat, l’école devient un lieu de vie en communauté et n’est plus considéré comme une obligation désagréable mais bien un enrichissement quotidien, ce qui finalement réduira le décrochage scolaire.
9) Quelles améliorations sont nécessaires au niveau de l’orientation scolaire et professionnelle?
L’école devrait garantir une transition fluide vers le monde du travail. En matière d’orientation, l’élève ne devrait pas être orienté en fonction de ses faiblesses mais bel et bien en fonction de ses compétence et intérêts, indépendamment de toute origine sociale ou ethnique.
De plus, il serait judicieux d’instaurer dans les dernières années de l’enseignement secondaire plusieurs stages en entreprise obligatoires de façon à faire découvrir au jeune le monde du travail et donc faciliter son orientation future. De plus cela permet de nouer des liens entre jeunes et entreprises. Ceci permettrait d’assurer la pérennité des entreprises et donner de l’expérience au jeune, ce qui est donc une situation bénéfique pour les deux.
10) Quelle est selon vous la définition d’un travail digne et de qualité pour les jeunes? (p.ex. problématique des conditions de travail et d’embauche précaires)
Les ingrédients qui font le qualité d’un emploi sont notamment une rémunération équitable, la reconnaissance vers l’extérieur, une occupation qui instruit en même temps le jeune et où il se sent utile.
En outre, il se pose un problème de société: certain métiers ont une mauvaise réputation, on leur attribue des stéréotypes souvent péjoratifs mais injustifiés. Il s’agit de changer l’opinion publique de façon à ce que le jeune ne restreigne pas ses choix en fonction du statut social attribué à telle ou telle profession.